« Garder les mains sur le volant »

Christiania parallèle en ski nordique. Pente de ski alpin désaffectée de l'Université de Montréal. Photo extraite d'un vidéo par Christine Desmarais. 20 mars 2015.

Christiania parallèle en ski nordique.
Pente de ski alpin désaffectée de l'Université de Montréal.
Photo extraite d'un vidéo par Christine Desmarais. 20 mars 2015.

CAPSULE TECHNIQUE ski nordique et ski de fond

Descentes en ski nordique - "Garder les mains sur le volant"

 

Avec équipement léger de ski nordique.



Un des points importants que nous enseignons en descente est de "garder les mains sur le volant", pour contrôler sa vitesse malgré la peur, en gardant la conduite du pied extérieur au virage. Et cette notion est valable pour TOUS les skieurs. En effet, qu'importe notre calibre, il y aura toujours quelque part une pente pour nous effrayer et nous faire lâcher prise. La posture de base avec les chevilles fléchies et le dos courbé est un des antidotes.

C'est paradoxal puisque la crainte nous donne le réflexe inverse: Un réflexe de recul qui emmène notre poids vers l'arrière des skis ou vers l'amont, nous faisant relâcher la pression du ski extérieur, ce qui nous fait prendre le décors, ou simplement chuter de toute manière.

Comparons les vidéos qui suivent. Le premier test est fait sur une pente désaffectée intermédiaire à l'UdeM. Il y a bien quelques défauts techniques à ce christiania parallèle, sur une neige irrégulière et raboteuse, mais la pente pardonne; ça passe, tout est sous contrôle. Dans le même genre bien en contrôle, Christine a très bien fait sur pente abrupte à la Pourvoirie Trudeau.

Pour se donner de la misère et rencontrer notre Waterloo, nous avons skié sur une autre pente de l'UdeM, où la neige est non seulement irrégulière, mais la pente de cet ancien tremplin est à 45 degrés d'inclinaison. Là, en pente difficile, Christine et moi (cliquez pour les vidéos) atteignons notre limite et nos faiblesses techniques paraissent clairement. Nous nous retrouvons avec des défauts équivalents à ce que vivent nos élèves débutants en pentes plus faciles, avec en prime, les mêmes angoisses: Défaut de faire face à la ligne de pente; rotation du corps vers les côtés de la piste plutôt que de rester avec le tronc en anticipation prêt au prochain virage; perte de pression sur le pied extérieur (pied aval en fin de virage); chute en amont. Ça développe l'empathie...

Ainsi, dans cette descente, sur 5 virages, 3 chutes vers l'amont. La solution à mettre en pratique au prochain test: Faire face à la pente, prolonger la phase de descente; mais surtout, rester d'attaque en posture de base, le corps en plongée ("rising out"). Autrement, impossible de rester sur ses pattes et de garder sa conduite.

 
Facile à dire et pas facile à faire à cause des forces en présence et du minimalisme de l'équipement de ski nordique. En effet, 2 barrettes de bottes Salomon hors-piste ont été tordue ou arrachée dans cette même pente.

 

Cette capsule technique illustre que la notion de "garder les mains sur le volant" s'applique aussi aux skieurs avancés. Il s'agit de confronter les skieurs avancés à une pente limite pour s'en convaincre. On a tous une pente limite.

 

Antoine Deslauriers
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